La liaison

Tisser, tresser, nouer, souder, émulsionner, assembler, faufiler, jointoyer, connecter… De la vannerie à l’architecture, de la cuisine à la peinture, l’action de lier – technologique, symbolique, religieuse – est sans doute l’une des actions humaines les plus anciennes et fondatrices. Aujourd’hui manifeste dans le développement des transports, la connexion généralisée des réseaux ou la pratique des liens hypertexte, elle continue l’œuvre de l’homme : construire le cosmos, éloigner le chaos. Elle occupe, à ce titre, une place décisive aux sources vives de la culture et au cœur-même de toute création. A ce titre, elle a toujours joué un rôle essentiel dans les pratiques et les théories artistiques.

La liaison manifeste la volonté de créer et d’unifier la forme, de construire le sens, et ainsi d’œuvrer, parfois jusqu’au “chef-d’œuvre”. L’idée même de l’œuvre comme objet unique constitué d’éléments, de matériaux, de parties, que l’artiste associe et assemble, pose, au-delà des simples contraintes techniques, la question essentielle de la composition formelle (unité, harmonie, tout-ensemble…) ou de l’architecture conceptuelle, voire de la cohérence intellectuelle et philosophique – éventuellement idéologique – de l’ensemble.

S’attachant à analyser ces divers modes de liaison dans les arts, les auteurs ici réunis analysent les enjeux poïétiques et esthétiques de ces pratiques souvent subtiles, tant en peinture qu’en sculpture, en musique qu’en littérature ou au cinéma.