Oxymores
Les disciplines et les hypothèses ici réunies, s’attachant à étudier ce lien particulier et fort entre l’opération oxymorique, la production artistique et l’expérience esthétique, ont permis d’identifier trois possibilités de définition pertinente de l’oxymore, trois manières positives de penser la relation entre deux opposés, de nouer les contraires en un lien (et en un lieu) signifiant, plutôt que de les rejeter dans la zone des non-sens. La première envisage l’oxymore comme trope de l’impossible ou de l’irreprésentable, constat d’échec de la relation engendrant la dynamique du sublime. La deuxième décrit l’oxymore comme une double énonciation, la relation devenant signifiante par distinction des niveaux et restituant au réel sa véritable consistance polyphonique. La troisième envisage la mise en relation oxymorique sous la figure de la contiguïté, de l’enchevêtrement et de l’empiètement, non pas comme juxtaposition du « côte à côte », mais comme relevant plutôt de « l’un (tout) contre l’autre ». Dans une perspective interdisciplinaire, ces hypothèses sont ici explorées et développées à partir d’analyses d’oeuvres picturales, littéraires, cinématographiques et musicales.
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Définis comme la juxtaposition des contraintes ou l’ajoitement des contradictoires, les oxymores sont omniprésentes dans les arts bien au-delà de la coincidentia oppositorum ou de la concordia discors. Les artistes manipulent de la condradiction au plus près de leur matériau-même, comme lorsque le bernin, par exemple, transforme un bloc de marbre en un flot mouvant d’étoffes ou lorsque Picasso ou Braque, invenant le collage, déréalisent ou sur-réalisent tel morceau de papier peint ou de journal réal en le collant sur le plan fictif d’une toile. Par contre, l’on peut dire que le réel, lui, ne connaît pas d’oxymores : il n’y a pas de « lumière brune », ni de « vert rougeâtre », ni de « soleil noir ». Mais alors, l’oeuvre d’art ne serait-elle rien de « réel », et les poètes seraient-ils de fieffés menteurs ? L’ « obscure clarté », pourtant ne veut pas non plus « rien dire », et le résultat de l’association paradoxale qu’est l’oxymore n’est pas le néant, mais bel et bien quelque chose que l’on sent, que l’on éprouve et, à la limite que l’on voit, autrement dit, l’objet d’une expérience esthétique.
Bref, si nous avons la possibilité de juxtaposer, d’adjointer, d’empiler les mots, aussi bien que des images ou des matériaux est ce que cette opération oxymorique invalide l’énoncé qu’ille produit au regard de ce que serait le réal, ou bien au contraire dessine-t-elle un lieu spécifique qui pourrait bien être le lieu même de l’oeuvre d’art ?
Les disciplines et les hypothèses ici réunies, s’attachant à étudier ce lien particulier et fort entre l’opération oxymorique, la production artistique et l’expérience esthétique, ont permis d’identifier trois possibilités de définition pertinente de l’oxymore, trois manières positives de penser la relation entre deux opposés, de nouer les contraires en un lien (et en un lieu) signifiant, plutôt que de les rejeter dans la zone des non-sens. La première envisage l’oxymore comme trope de l’impossible ou de l’irreprésentable, constat d’échec de la relation engendrant la dynamique du sublime. La deuxième décrit l’oxymore comme une double énonciation, la relation devenant signifiante par distinction des niveaux et restituant au réel sa véritable consistance polyphonique. La troisième envisage la mise en relation oxymorique sous la figure de la contiguïté, de l’enchevêtrement et de l’empiètement, non pas comme juxtaposition du « côte à côte », mais comme relevant plutôt de « l’un (tout) contre l’autre », au seuil sur-signifiant et esthétique de la dissolution des identités : ce seuil dont les artistes ne cessent d’explorer les miroitements et les incertitudes.
Dans une perspective interdisciplinaire, ces hypothèses sont ici explorées et développées à partir d’analyses d’oeuvres picturales, littéraires, cinématographiques et musicales, elles-mêmes inspirées par l’esthétique, l’histoire de l’art, la philosophie, la critique littéraire et cinématographique, la sémiotique, la stylistique, la rhétorique.
Détails
Nombre de pages : 168 p.
Dimensions : 17 cm x 21 cm
ISBN : 2-35311-043-6
Prix : 20 €
| Type d'ouvrage | Ouvrage papier |
|---|---|
| Format | Papier |
